24 août 2009

Pantys mortels / Antonio Ansón














 





titre : Pantys mortels
auteur : Antonio Ansón
traduit de l'espagnol par Aurelio Diaz Ronda
édition bilingue
avec neuf dessins de Pepe Cerdá

128 pages / 15 x 21 cm / papier vergé 110 g / dos carré cousu collé
isbn 978-2-912528-07-0 / collection Qoi
parution : mars 2008 



15 € (+ 1,50 € frais de port) 


Extrait de la préface :

Poèmes narratifs, secs et nerveux, parfois violents, toujours empreints d’une drôlerie où se mêlent humour noir, voire macabre, et « mauvais goût », ce kitch typiquement espagnol (dans la grande tradition des Buñuel, Max Aub, Ramón Gomez de la Serna et d’un certain Almodovar) qui n’a strictement rien à voir avec la tendance « trash » contemporaine, anglo-saxonne, morbide, sérieuse et pour tout dire profondément puritaine. Aux « mauvais genres », que sont le roman noir ou le cinéma de série B, auxquels la verve elliptique de Antonio Ansón rend hommage, répond l’esthétique assumée d’un néo-réalisme à la sauce ibérique : mixité des registres et des niveaux de langage, références incongrue
et clins d’œil amusés, mais jamais dédaigneux, vers la culture populaire. Revisitant la geste des crimes passionnels, crapuleux ou sexuels, Pantys mortels chatouille nos pulsions les plus dégueulasses dans une joyeuse et cruelle séance de « psycho-théra-poétique ».

On en a dit :
Sexe, douleur, brutalité, injures et mots crus composent les lignes de ces récits très visuels. On y retrouve, au-delà d'une volonté de choquer, une alchimie étrange mais réussie entre humour noir et scènes filmées. C'est par moments loufoque, incongru et on a le sentiment que tout le monde passe à la moulinette, sans distinction.
(Sahkti, Critiques libres, avril 2008 / Lire l'article complet)


Un poème extrait du recueil : 


 
Adela López Cantín n’avait pas voulu
assaisonner de mort aux rats les oignons
de sa tortilla ce dimanche de goûter familial et salade
de tomates. Pas plus qu’elle n’avait eu l’intention de l’achever
par asphyxie et rancune avec le coussin brodé de fleurs
jaunes, vertes et rouges.
Elle nia avoir désiré sa mort de toute son âme avant de se remettre
à laver ses chemises et ses chaussettes comme si de rien n’était
puis d’accrocher au fil à linge un murmure rauque de vieille poulie
qui semblait dire « va te faire foutre
tête de merde ». Elle n’avait jamais eu
l’intention de le couper en petits morceaux ni de l’emballer
et le recommander avant de le disperser aux quatre continents,
répétait-elle au juge sans verser de larme, en dépit de la mauvaise odeur
de pain aux anchois de sa mémoire pourrie
dans le bureau de poste de Guadalajara.

Adela López Cantín no quiso
salpimentar con matarratas las cebollas
de su tortilla aquel domingo de merienda hogareña y ensalada
con tomate. Tampoco se propuso rematarlo
de rencor y asfixia con el cojín de punto y flores
amarillas, verdes y encarnadas.
Negó haber deseado su muerte con toda el alma y seguir
lavando sus calcetines y sus camisas como si nada y colgar
del tendedor un murmullo ronco de carrucha vieja
que parecía decir «que te jodan
cara mierda». Nunca hubo
intención de cortarlo en pedacitos
y embalarlo y certificarlo y esparcirlo por los cuatro continentes,
repetía ante el juez sin derramar una lágrima, a pesar del mal olor
de su podrida memoria a pan con boquerones
en la oficina postal de Guadalajara. 
 


Antonio Ansón est né en 1960 à Villanueva de Huerva (Espagne). Auteur de plusieurs ouvrages de poésie, dont La misiva (Moreno-Avila, 1990), Don’t disturb (Filigranes, 2001) et Nada más que piedra, ortigas y alacranes (El gato gris, 2003), ces deux derniers en collaboration avec le photographe Rafael Navarro. Son nom figure dans la récente anthologie de Ignacio Escuin De tu a tu : la otra poesia española (Sial, 2008). Il a également publié des essais, parmi lesquels El istmo de las luces (Cátedra, 1994) et Novelas como álbumes : fotografía y literatura (Mestizo, 2000). Il dirige en outre la collection de livres de photographie Cuarto Oscuro aux Presses Universitaires de Saragosse. Parmi ses derniers travaux : l’essai El limpiabotas de Daguerre (Puertas de Castilla, 2007) préfacé par Ferdinando Scianna, le roman Llamando a las puertas del cielo (Artemisa, 2007) une chronique sur la transition culturelle et politique en Espagne et le récit autobiographique El arte de la fuga (Eclipsados, 2009).

Pepe Cerdá est né en 1961 à Buñales (Espagne). Très tôt, son père lui enseigne le métier de graphiste et de peintre. En 1982, il obtient le prix national de dessin au Concours National d’Arts Plastiques et en 1988 il est pensionnaire de la Casa Velázquez à Madrid, avant de s’établir pendant plusieurs années à Paris jusqu’à son retour récent en Espagne. De nombreuses expositions lui ont été consacrées aussi bien dans des salles institutionnelles que dans des galeries de Madrid, Paris, Utrecht ou Bruxelles.


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