27 févr. 2016

Mensonge #09 | Béatrice Darnal & Ana Tot



titre : Mensonge #09 : Juste une image 
images : Béatrice Darnal 

textes : Ana Tot 
conception graphique : Jean-Pierre Bos pour FluxTendu 

32 pages couleurs sur papier brillant / couverture souple / 22 x 28 cm 

parution : février 2016

17 (+ 1,50 € frais de port) 


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24 févr. 2016

À propos de "Ainsi fut fondée Carnaby Street" (3)


Carnaby Street, 1968 (anonyme)

Voici la note de lecture que Michel Ménaché consacre à Ainsi fut fondée Carnaby Street, de Leopoldo María Panero, dans le numéro 1041-1042 de la revue Europe
" Leopoldo Maria Panero, récemment disparu, fils d’un auteur franquiste, essayiste, nouvelliste, traducteur, fut un météore de la poésie espagnole. Réagissant à la dictature, il connut la prison, expérimenta les stupéfiants, subit l’épreuve de l’internement psychiatrique et fit plusieurs tentatives de suicide. L’ouvrage réunit trois ensembles. Publié en 1970, à l’âge de 22 ans, Ainsi fut fondée Carnaby Street, dédié aux Rolling Stones, en constitue la première partie. Suivent Tarzan trahi puis Autres poèmes. L’écriture relève du poème en prose, dans la lignée d’Aloysius Bertrand, pour les tableaux insolites, de Lautréamont, pour la cruauté ludique et, hors parenté littéraire, d’un Pierre Dac ou d’un Alphonse Allais pour l’esprit nonsensique. Chaque texte semble amorcer un récit ou esquisser un tableau mais c’est pour procéder aussitôt à l’interruption, à l’effacement, à l’autodestruction. La sous-culture du consumérisme se mêle aux bribes dégradées des rêves de l’enfance, aux souvenirs estompés d’une littérature en décomposition. La pop culture est en gestation et Carnaby Street dans le quartier de Soho en devient le cœur ! Panero témoigne en éclaireur de cette émergence provocatrice, sous couvert de libération, dans une société mercantile et sans âme…
Tarzan est trahi, Icare n’est plus qu’un jouet volant. Peter Pan s’est métamorphosé en Peter Punk, et après le désespoir de Nevermore, c’est Neverland qui assassine les derniers rêves fondateurs ! Le monde est entré en apocalypse, le suicide planétaire suit inexorablement son cours, dans l’indifférence ou l’hystérie collective d’une jeunesse en rupture qui refuse l’ordre établi mais n’a guère, ou pas du tout, de conscience historique. Ainsi, l’écriture de Panero s’avère révélatrice de cet état d’inachèvement fatal, de déliquescence physique et psychologique, qu’il a vécu ou subi lui-même comme les fans déjantés du groupe londonien fétiche, les tagueurs urbains profanateurs, les trublions destructeurs des emblèmes de la spéculation médiatico-culturelle omniprésente.
Victor Martinez précise dans une postface éclairante que Panero qui parlait plusieurs langues et avait beaucoup étudié a été influencé par la lecture de Deleuze, tout particulièrement Porcelaine et volcan et Renverser le platonisme. La logique du sens dans la pensée dominante est devenue pour lui un autre LSD qui nous renvoie le miroir de « la nouvelle économie libidinale occidentale ». Derrière la loufoquerie, la parodie, le mélange des genres ou des références (de King Kong à Maïakovski, du joueur de flûte de Hamelin aux dix commandements, de Sacco et Vanzetti à Mandrake, etc.), le recueil de Panero témoigne de la diffraction kaléidoscopique du monde asphyxié par « le stupéfiant image » (Aragon) multiplié à l’infini en succédanés publicitaires ou en répliques de pacotille. Si Leopoldo Maria Panero s’est autodétruit dans la drogue, l’alcool et la folie, il représente dans l’Espagne actuelle une voix solitaire, terriblement singulière, par son humour subversif et désespéré. Une multitude pourrait craindre aujourd’hui de s’y reconnaître… " 
Michel MÉNACHÉ, in Europe n°1041-1042, janv-fév. 2016 

Ainsi fut fondée Carnaby Street, de Leopoldo María Panero
Traduit de l'espagnol par Victor Martinez et Aurelio Diaz Ronda. Le grand os, 2015 

 

23 févr. 2016

Quoi faire | une lecture de Lou Dev



Sur le site Un dernier livre avant la fin du monde, Lou Dev, libraire, grande lectrice et géneureuse passeuse (elle anime le blog Lou et les feuilles volantes) a joliment parlé de Quoi faire de Katchadjian. Avec un peu de retard, nous donnons ici le lien vers l'article et un extrait : 
" La question obsède. L’absence de réponse oppresse. La décision devient imminente. Faire, décider. Face à la subjectivité du choix, à l’impossibilité de prédire si cela va mal tourner et pourquoi, agir ou non. Ne pas savoir ce dont on est capable. Être, à l’instar d’Alberto et du narrateur, à la fois acteur et spectateur de soi-même et du livre. Sortir de la paralysie induite par l’état nerveux et réduire le nombre des possibilités par des choix délibérés : « Il faut agir et se tromper comme le Che ». Rester immobile pour toujours ou se jeter à l’eau. Tout est là. En cent pages placées entre nos mains comme une bombe. La possibilité – ou non – de la liberté. L’on sent bien que l’on touche du doigt cette grande réponse qui se dérobe. Quand elle nous échappe, l’on rit de l’absurde. On se dit que dans ce fou rire, peut-être, on la rejoint. Qu’en tout cas l’on va continuer de l’y chercher, et que l’on ne lira certainement plus comme avant. Poc ! Fictions nocturnes et prose hypnagogique, nous dit le Grand Os. Et c’est bien joué. "
Lou Dev. 29 octobre 2015. Lire la chronique complète

Quoi faire, roman de Pablo Katchadjian (éd. Le grand os, mai 2014)  
traduit de l'espagnol (Argentine) par M. Gómez Guthart et A. Diaz Ronda.