4 avr. 2013

Tchoôl ! / Christophe Macquet




titre : Tchoôl !
auteur : Christophe Macquet

96 pages / 10,5 x 15 cm / dos carré collé
isbn 978-2-912528-17-9 / éditions le grand os / collection Lgo 
avec deux photographies noir & blanc de l'auteur 

parution : 4 avril 2013

9 (+ 1,50 € frais de port)  

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ce qu'ils en pensent : 

"L’extérieur attaque de toutes parts et pulvérise le discours ; la perception est toujours fragmentaire, avec rapides changements d’échelle et effets de zoom haute définition. Ce chaos produit un effet de réel en même temps qu’une étrangeté comique." 
Typhaine Garnier. Sitaudis (14 mai 2013). Lire tout l'article 

"Comme un descendant de Cendrars, peu enclin aux chichis et aux esthétismes racoleurs, Christophe Macquet a choisi la voix brutale pour raconter ses histoires. Vraies, "et raides" avec ça."
Eric Dussert. Le Matricule des Anges n°144 (juin 2013). Lire l'article 

"C'est déstabilisant, comme tout ce qu'écrit Macquet (on a l'impression de tourner sans fin dans le tambour d'un lave-linge), mais ô combien grisant. (…) On retrouve là l'énergie si propre à son style trépident, ces trémulations caractéristiques de sa poésie incisive et survoltée." 
Romain Verger. L'anagnoste (26 septembre 2013). Lire l'article  
 

extrait :
" il se lève avec le soleil

le cou endolori mais très en forme

des années qu’il n’a pas dormi comme ça, sans cahots, sans ratures, sans frapper dans les murs, dans l’esquive aux ailes de moiteur, aux froufrous démultipliés, les moustiques ont bien bu, une goutte, à peine, ils zigzaguent bas gravides, rougis par le sang du rouquin, de juste, rassasiés éphémères, dans l’actu de la brume indivisible, Avine fait quelques étirements de hanche, se dirige (tout guilleret) vers la cabane en tôle qui fait office de toilettes et lâche dans l’étang son dernier colombin français 
tu veux l’herbe ou la femme ? lui demande en français monsieur Douze, le tenancier, qui pense avoir senti son homme et qui mime assez tristement la connivence, Avine lui tend son dollar, et l’autre recompte sur le bout d’un doigt spatulé, sensible, il n’a pas la sécurité sociale, son frère est mort de l’encéphalite japonaise, l’année dernière, la crémation fut lente, les touristes ont peur du pays, on dit que les chasseurs de fiel humain rôdent encore autour des villages, quand la lune fait peau neuve, on dit qu’il vaut mieux ne pas voir, que ça donne la conjonctivite, il y a cinq ans, sa deuxième femme, avec le chef de la commune qui a les joues grêlées par la petite vérole, un hélicoptère passe, les touristes ont peur du pays, mais il y en a qui viennent de temps en temps, et puis qui disparaissent, on est gentil, tu veux l’herbe ou la femme, ce n’est pas mon tatouage, qui me sauvera s’ils reviennent, on est cruel, on peut travailler des lombaires et des zygomatiques depuis l’enfance, c’est beau quand même, les échaliers de bambou, les aigrettes au long cou sur le talus des rizières, et puis l’eau vive, les touristes ne sont pas comme nous, les ramboutans, les coupures de courant, l’éléphant qui s’affole, la descente de l’huile du désir, qui dégoutte dans son œil, qui dévaste la scène, les chiens aboient, on les bâillonne, on leur grave un ultime message, en lettres mercenaires, juste au sommet du crâne, c’est magique quand même, les agaves dodus, les cactus à raquettes, les euphorbes, les kalanchoés, qu’on vole, dans les plates-bandes du voisin, l’année prochaine, le chef de la commune qui vient raconter ses salades pendant que nos filles aiguisent leurs couteaux, tu pars ?

ça va, ça va, je ne suis pas un acteur, encore moins un boucher, Teresa y’a pas si longtemps, et la feuille de troène (il pouvait en mâcher un nombre incalculable en rentrant de l’école), c’est dingue, les silences indigènes sont encore plus bavards que les silences de Teresa, j’ai le goût du troène dans la bouche, j’ai le goût du genêt du froid des garennes, des tritons dans les mares, des blockhaus et des goélands qui s’écrasent au pied des falaises, monsieur Douze au revoir ! on ne paie pas l’herbe, il faut marcher ! mais j’aimais ta façon de dire « l’année prochaine »
"


Christophe Macquet est né en 1968 à Boulogne-sur-Mer. Il vit à Buenos Aires, en Argentine, depuis 2006, après avoir passé dix ans en Asie, essentiellement au Cambodge. Il a publié Luna Western (Buenos Aires : éd. Paradiso, 2011) — dont la revue LGO donne de larges extraits dans son numéro 5


Du même auteur aux éditions Le grand os :

cri & co (2008) 

KBACH (2012) 

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